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L'ancien bourg de Fenioux

 

Nous sommes très embarrassés pour parler d’une façon même approximative de l’état et de l’importance du bourg de Fenioux à une époque lointaine. Par crainte de ne pouvoir assez nous rapprocher de la vérité, nous nous abstiendrons presque complètement.

Toutefois et d’après le chanoine Aulier (Histoire Générale du Poitou tome VII p 403 ) une église devait exister à Fenioux dès 1093, époque où celle qui y existait fut donnée aux moines de Parthenay-le-Vieux par Guy de Vaucouleurs qui en était seigneur et propriétaire.

Donc si avant 1093 une église était bâtie en ce lieu, c’est que, dès cette époque, et même longtemps avant sans doute, il y avait là un groupement de maisons, de familles dont le plus ou moins d’importance est pour nous impossible à préciser. En ces temps aussi quel était le nombre d’exploitations agricoles dans la campagne environnante, et qui tant pour le spirituel que pour le temporel relevaient de Fenioux ? Nous ne pouvons le dire même approximativement.

Nous pouvons davantage préciser à partir de 1729-1730 grâce à deux vieux registres de rôles des tailles de ces deux années là, et qui sont notre propriété personnelle.

Nous avons déjà dit je crois, dans un chapitre précédent, qu’autour de l’église actuelle existait l’ancien cimetière, et nous le prouvons d’autre part en ce travail. Du reste, tout le monde sait encore qu’anciennement les cimetières étaient presque toujours autour des églises.

Ceci dit nous allons parler de quelques restes, dans de vieux murs du bourg, de pierres isolées, ainsi que de portes, croisées et petites fenêtres, qui par leurs formes d’angles chanfreinés ou autres moulures, nous paraissent dater de vers 1600 environ.

D’abord, tout près de l’église actuelle, dans la partie la plus ancienne de la jolie et très confortable habitation moderne de Monsieur Bariller-Beaupré, dans la partie aujourd’hui à usage de cuisine réparée, ainsi qu’à coté en la partie d’une servitude contiguë, on voit par la présence d’un gros et haut fragment de rocher dans la base d’un mur, les preuves palpables que toutes les assises des parties basses de cette belle maison, ont été bâties à flanc de coteau, d’un large rocher de nature schisteuse auquel on a du abattre très fortement la crête. D’abord pour y puiser les pierres utiles aux constructions et ensuite pouvoir en cette place y édifier des bâtiments.

Les murs que du reste on voit dans ces deux pièces, sont d’une forte épaisseur, 0m70 à 0m80. Quelques vieilles pierres taillées, intercalées par-ci par-là dans ces murs proviennent à n’en pas douter de d’autres constructions plus anciennes encore.

En face du portail d’entrée de la cour de Mr Barillet-Beaupré, se trouvait et se trouve encore de nos jours un groupe de petites maisons de bien modeste apparence. On nommait, croyons-nous, ce groupement "la Caponnerie" du nom d’une famille Capon qui l’a possédé ou habité peut-être. A ces maisons on remarque des fenêtres et une porte dont les angles sont taillés en chanfrein.

Ensuite en remontant ce chemin, rue ou route comme on voudra, qui vient du Bourg-Jarousson au bourg de Fenioux , on voit à mi cote et creusée dans le rocher à gauche, une fontaine aussi peu large que peu profonde, 1m50 environ. Cette fontaine est mûrée et voûtée pour soutenir une forte masse de terre qui la surmonte. Ce qui fait, par devant, charpente et solidité de cette petite maçonnerie, consiste en deux montants en forme de colonne. Le faîte est formé d’une pierre de taille formant cintre. Depuis quelle date cette fontaine existe-t-elle là, ainsi que la structure principale de sa façade extérieure ? Nous ne pouvons quant à nous le dire.

Cependant, avant d’aller plus loin, citons une note que nous trouvons dans les cahiers paroissiaux de l’année 1681, tenus par un curé qui écrivait si mal qu’on peut à peine lire son nom (nous savons d’autre part qu’en 1681 c’est un Mr Joffrin qui était curé). Cette note dit ceci : "illisible mazureau appelé «le Mazureau-Moreau», assis au bourg de Fenioux, touchant d’un bout au chemin par lequel on va du logis de la Corne au Bourg- Jarousson et d’un autre coté au Mazureault et de la illisible de la fontaine du dit Fenioux, et d’autre coté à la maison du dit charon". 

Où était situé ce que ce curé appelait «le Mazureau  Moreau» Il nous est impossible de le deviner, à peine pourrait-on le supposer et encore ?

On nous dit bien que par là, au dessous de la fontaine et où est la toute petite cour, servitude de Mr Barillet Beaupré, autrefois ce petit espace était non clos et servait de dépôt de chaux éteinte pour les réparations à faire à ses bâtiments *. Etait ce là le Mazureau Moreau ?

* ou bien serait-ce l’emplacement où est le chemin montant vers l’église qui n’était qu’un passage difficultueux et mal uni.

Ensuite en remontant la même rue on voyait encore à gauche et en haut de cette petite côte, il y a 45 ou 50 ans, et juste où est situé actuellement le petit jardin de devant de Mr Bernard, une maison de très ancienne apparence. On la nommait le "Vicariat" ou "l’Aumonerie", nom qui nous prouverait que là habitaient les vicaires ou aumonier de Fenioux, car jadis vicaire il y avait toujours à Fenioux.

Il me souvient très bien avoir vu la maison et pénétrer à l’intérieur. Elle n’ avait que rez-de-chaussée et grenier dessus. Les portes e petites croisées étaient de peu d'élévation et à plein ceintre. Un pré appelé "le pré de la cure" se trouvait à une faible distance de cette maison, mais derrière.

en marge, face au début du paragraphe suivant, mention : à corriger

De là allons au logis de la Corne, cette maison appartenant à Mr Blanchard, propriétaire à Ardin est actuellement occupée par Mr O. Godillon à titre de locataire et par Mr Victor Baraton à titre de propriétaire. Elle à du subir depuis 50 ans et peut-être d’avantage, d’importantes modifications.

Toute la façade a été reconstruite car les ouvertures donnant sur la place sont modernes, seul le mur longeant la route de la Chapelle-Thireuil, et une ancienne maison située derrière à usages de servitudes ont subsisté. Néanmoins dans cette grande et vieille maison on voit encore sur une pierre de dessus d’une croisée la date 1639 et les lettres : P B M I – I I M B.

Cette pierre retaillée dernièrement par les ouvriers, en une autre forme, faisait cintre d’une porte cochère fermant l’entée d’un vaste corridor allant de l’ouest à l’est. 

Des personnes encore existantes et qui ont vu les vieux bâtiments du "Logis de la Corne" avant les constructions et modifications y apportées depuis moins de 40 ans,  nous ont dit que les formes tant intérieures qu’extérieures de cet immeuble tendraient à prouver que cette vieille maison devait jadis être une des plus importantes et des mieux agencées du vieux bourg de Fenioux . Ainsi, contrairement à beaucoup d’autres, celle-là avait un premier étage. Sur la façade ouest et de presque toute sa largeur de ce coté, courait à hauteur de ce 1er  une longue galerie ou balcon , couvert par le prolongement de la toiture de la maison.

Sur cette galerie ou long couloir, plusieurs chambres successives y avaient leur portes de sortie, comme sur un palier moderne. Un grand escalier en pierres se trouvait placé dans un vaste corridor et servait sans doute d’arrivée au bout nord de cette galerie. Il était encore visible il y a peu d'années dans la portion d’immeuble occupée par Mr O. Godillon.

La partie occupée par M Baraton a été démolie complètement et reconstruite telle qu’on la voit aujourd’hui.

Là aussi se trouvait, nous dit-on, de grandes et vieilles cheminées, dont les structures architecturales étant très anciennes, pouvaient être assez belles. Malheureusement rien n’a été épargné.

Feu François Macouin, propriétaire à Fenioux et duquel je tiens ces renseignements, ayant souvenir d’avoir vu ces vieux bâtiments avant la dernière restauration, me confirmait encore ces jours, que ces vieilles cheminées dont je viens de parler, portaient comme cadre, des jambages, et dessus d’un assez beau travail artistique. Elles étaient garnies de belles boiseries à partir du manteau jusqu’au plafond. Que leur disparition est regrettable ! ! ! 

Les autres maisons sur la route de la Chapelle-Thireuil sont toutes de construction très moderne sauf toutefois la partie de maison occupée par Mr Mathurin Dutaud, sabotier, où il y a une cheminée et une porte de derrière dont les angles sont fortement chanfreinés.

Là tout près à l’angle de rencontre de la route de Xaintray avec celle de Coulonges à Secondigny on voit la maison habitée par Madame Poussard. Cette maison n’est point très moderne non plus . Quelques ouvertures conservées. la réfection visible de la façade à une époque assez éloignée, ainsi qu’une portion de pignon soutenue par une sorte de corbelet, l’indiquent suffisamment.

De là remontons la grande rue du bourg allant vers le nord.

 en marge, face aux trois phrases suivantes, mention : à rectifier 

Tout de suite nous y voyons une maison avec cour devant et grille en fer sur le mur de clôture. Elle appartient à Melle Ernestine Boutin propriétaire à St Laurs . Le locataire actuel est Mr Bonnet boulanger et Hôtel.

La plus grande partie de cette vaste maison nous paraît de l’âge des plus anciennes de Fenioux. Seulement à différentes époques, peu faciles à préciser, de nombreuses modifications et augmentations y ont été apportées. Les traces en sont très visibles surtout dans la partie façade. La partie vieille est plutôt aujourd’hui à usage de servitudes. Dans la cheminée d’une pièce de cette maison , on voit l’ouverture bouchée d’un ancien four dont la masse se trouvait dans le bâtiment situé derrière.

On fait la même remarque au logis de la Corne, précité.

Chez Mr Bonnet et dans une chambre du  1er, sur une forte poutre on voit 1711 incrusté dans le bois de la poutre. On remarque aussi que les murs anciens sont d’une forte épaisseur. Plusieurs portes sont à plein cintre. La cheminée de la cuisine est très haute et très large d’ouverture en bas. Les jambages d’appui du large manteau font cintre, avancé fortement accentuée. Le manteau et le corps principal de cette cheminée jusqu’au plafond sont ornés de quelques moulures poussées dans les pierres de taille. Au milieu est un écusson sans armoirie ni date visible. Il est du reste recouvert de plusieurs couches de chaux. A deux petites fenêtres du grenier situé sur la salle haute de cette maison, et au nord, on remarque les angles des pierres de taille à chanfrein ainsi qu’à la pierre de dessus des écussons, également sans armoiries ni date.

De là tournant à droite sur la place de l’église, on peut aller voir une petite propriété qu’on dénommait dit-on "le Grand Logis". Le corps principal de cette maison a été complètement transformé.

C’est aujourd’hui l’Hotel des Postes et Télégraphe.

Il y a une cour d’entrée faisant face à l’angle droit de la façade de l’église et, à cette entré,e il y avait jadis un pilier de milieu, bâti de pierres de taille ayant pas mal de moulures qui sont généralement peu employées pour un tel usage. Nous croyons que ces pierres proviennent plutôt de d’autres bâtiments anciens et voisins. Peut-être de la chapelle rompue qui sait ? * On voit encore là tout près à l’écurie de Mr Boisselier quelques pierres aux ouvertures qui n’ont pas dû recevoir la première taille pour être mise à cette endroit, où ont été bâties les maisons occupées par Mr Boisselier-Chevalier et Hôtel Coulay.

* n’oublions pas le serre-bois de Mr Beaupré, reconstruit en remplacement d’un bâtiment des plus vieux du bourg.

On nous assure qu’à cette place autrefois on y cultivait des jardins.

De là allons à la maison occupée par Mr Alexandre Fournier, ici encore c’est à n’en pas douter une des maisons du vieux Fenioux de 16 à 1800. Il y a une cheminée à montants et corbelets anciens, soutenant le manteau. Cette maison ainsi que celle, à côté, de Mr Gabriel Chartier, maitre tailleur, celle de Mr Bourdin Alcide, négt et Hôtel, et celles plus loin de la famille Girardin, n’étaient il y a  50 à 60 ans que de toutes petites maisons à un rez-de-chaussée seulement, avec grenier dessus. 

Aujourd’hui, en place de ces trop modestes et peu salubres maisonnettes, on voit des habitations à plusieurs étages, très spacieuses, très bien éclairées par de nombreuses ouvertures, où l’air et la lumière pénètrent d’abondance. Combien ces maisons semblent saines et hygiéniques comparées à celles de jadis dont nous venons de parler, et combien l'œil est davantage flatté par la vue des spacieuses habitations modernes qui bordent des deux cotés la principale rue de notre localité.

Je n’oublierai pas de dire en passant qu’a l’endroit où est édifiée la maison de Mr Gabriel Olivier, c’était aussi une bien vieille maison étant loin d’avoir l’aspect de celle d’aujourd’hui. On peut en dire autant de toutes celles qui forment l’aile gauche de la place de l’église.

Mentionnons aussi en passant celle qu’à fait construire en montant à droite la rue du bourg, Mr Jacques Bourdeau. Elle aussi fait très bonne figure, ainsi que du reste je le répète, tant à droite qu’à gauche allant vers le nord, toutes celles qui suivent jusqu’à la Papinaudière.

Notons encore en passant et en regardant à gauche, un tournant trop brusque et très dangereux pour la circulation. Il est situé face la maison de Mr Garmault de Pamplie. Nous croyons qu’il y aurait œuvre utile à faire à tous point de vue si la municipalité d’accord avec l’administration faisait le nécessaire pour obtenir le redressement de ce tournant aussi disgracieux à la vue que susceptible d’occasionner des collisions de voitures et d’automobiles *.

* La coopérative de panification est en train d’accomplir cette action utile pour la circulation des voitures et automobiles

De là suivons la route vers le nord, nous voyons immédiatement à gauche une petite place publique en train de se dessiner, et qui ne demanderait pas mieux que de s’embellir un peu. Faisons des vœux et attendons ! ! !

Au dessus de cette place, des deux côtés, on voit un groupe de maisons modernes dont nous ne pouvons dire que peu. Tout ce que nous savons par oui dire d’anciennes personnes c’est que ce groupement de maisons s’appelait "le Coq Bouillant"  le lecteur peut lire ou écrire ce nom comme il lui plaira.

Tout près de là est le cimetière dont nous reparlerons d’autre part.

Avant de quitter cette partie du bourg, il nous faut dire que la majeure partie de ce petit quartier est la propriété de Mr Dominique Jolain, maître maçon en retraite qui y possède cinq ou six maisons qu’il a édifiées lui même. A une dernière maison qu’il vient de bâtir l’an dernier il a mis une inscription nommant ce groupement  le quartier Dominique.

Avant de terminer nous voulons ajouter que tout à l’heure nous venons de passer à coté d’une petite rue en pente qui descend dans le quartier qu’on nomme le quartier de la Cure, sans doute parce que là se trouve placé depuis longtemps le presbytère. Cette rue fait un coude par le milieu et revient vers l’église du coté de la Chapelle Rompue.

Au coude de cette rue existait jadis, de 16 à 1800 environ, un groupe de petites maisons de bien mince apparence. Quelques anciens disent que c’était le lieu dit appelé "la Caraque". Et en effet nous trouvons cette dénomination sur le livre censif de la Braudière  de 1788 à 1792. Comme nous venons de le dire se trouve à ce lieu l’entrée du presbytère, propriété communale d’ une certaine importance comme maison, servitudes et jardins.

Là tout d’abord et à gauche, on voit l’ancienne cure et les servitudes y attenant faisant suite à des bâtiments anciens.

Enfin à coté, la cure actuelle qui nous semble de construction moderne et avoir été construite en plusieurs fois et différentes dates.

Là se termine notre visite à ce qu'était, nous croyons, l’ancien bourg de Fenioux.

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