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La Roulière

 

Sur le plan communal de Fenioux , le tenement de "la Roulière" est situé entre les villages de la Portière et de la Bleure, en face la maison et le petit ruisseau du Longé. A ce tenement de la "Roulière" que de vieux actes en notre possession nomment "la terre noble et féodale de la Roulière" il existe deux champs sous cette dénomination. Ce sont ceux là seuls qui nous occupent.

A propos de ce lieu dit "la Roulière" nous ne savons si on peut avec quelque raison établir une corrélation avec le nom et titre que prenait Gabriel Groleau sieur ou seigneur de la Roulière et dont une dame Jeanne Joubert était veuve en 1702. Nous préférons à ce sujet rester dans le domaine des conjectures.

L’un des deux champs sus nommés n’est qu’un rocher en forme de cône très écrasé et duquel depuis de nombreuses années déjà les habitants des villages voisins ont extrait de nombreux mètres cubes de pierres pour la construction ou l’entretien des chemins.

Au pied de ce rocher et dans une espèce de cuvette, un cultivateur des environs, aujourd’hui âgé de plus de 70 ans, et qui a été un certain temps locataire des champs en question, m’a dit avoir vu là un trou assez profond en forme de puits et dans lequel il avait enfoncé, l’hiver surtout, une gaule de plusieurs mètres de long. Ce trou a été comblé depuis et aujourd’hui on n’y voit plus trace.

J’ai oui dire aux vieillards du pays que c’était le puits de "la Roulière" dans lequel jadis une cassette en fer remplie de pièces d’or, provenant de la maison noble de la Roulière, avait été jetée après avoir été délestée de son trésor. Nous faisons cette citation "comme légende "et sans plus de prétention. Prière d’en faire la remarque.

Quant à cette maison qui aurait existé par là, ou plus probablement dans le champ d’à coté, nous ne pouvons en affirmer l’existence, mais la bonne vieille grand-mère Jarriault (toujours la même que pour la légende du Pas Plisson) a affirmé qu’elle aurait vu étant toute jeune, une porte basse, en fer, fermant l’entrée d’un souterrain allant sous le château de la Roulière.

En outre dans ce champ, des habitants de la Portière, gens très dignes de foi, nous ont affirmé avoir trouvé en faisant des fossés de clôture, il y a environ 60 ans, des fondations de vieux murs.

De plus dans une certaine portion de ce champ, il fut un temps où l’on rencontrait en labourant une grande quantité de tuiles brisées et autres débris de murailles. On aurait même mis à jour des cendres de différentes couleurs, et ce sont ces constatations qui faisaient dire aux habitants d’alentour, que ces vestiges ne pouvaient qu’être les restes d’une très ancienne habitation qui aurait été détruite par un incendie, ou peut-être pendant les troubles des guerres de religion, vers 1550.

Ce qui pour nous tendrait à confirmer la véracité de ces dire, c’est qu’en labourant on a trouvé dans ce dernier champ, plusieurs monnaies anciennes des XVème et XVIéme siècles, et dont nous pouvons donner ci-après le détail et description.

1/ Une assez belle pièce espagnole en or, et du poids de 2 louis de 20 francs français.Du coté effigie on voit un buste d’une belle et fière prestance. Le cou semble paré d’une sorte de fraise comme en portaient les souverains et puissants seigneurs du temps de Henri II, Henri III, François II. En exergue on lit : Philippus, rex Hispania, c’est à dire Philippe roi d’Espagne. Elle porte sur revers un bel écusson armorié avec en exergue ceci : LANI – MEDIO.

Cette pièce sûrement espagnole, mais dont nous ne pouvons préciser le millésime, n’étant pas assez compétent en numismatique, nous paraît néanmoins dater d’entre 15 et 1600, parce qu’à cette époque et sous le règne de Henri II roi de France, Philippe II ayant succédé à Charles V, son père, sur le trône d’Espagne, attaqua, aidé des Anglais, l’armée française et la battit sur les murs de St Quentin. Ce serait à ce moment et après avoir fait la paix avec l’Espagne que fut conclu le mariage d’Elizabeth fille d’Henri II avec le roi d’Espagne  Philippe II.

Serait-il étonnant que pendant ces alternatives de guerres et d’alliances de ces familles régnantes de France et d’Espagne que des monnaies espagnoles restassent en France, comme des monnaies françaises en Espagne ?

2/ Venant du même champ de la Roulière, je possède aussi 7 pièces d’argent qui peuvent être d’environ cette même époque. Plusieurs portent d’un coté l’inscription suivante : Albertus et Elisabeth - Dei Gracia rex, et de l’autre coté : Archiduces  A V S T . Duces . Burgt . Brab .  enfin sur l’une des plus épaisses on lit : Phil IIII D g . Hisp . indiar . Rex. Nous lisons : Philippe IIII  Dei Gracia Espagne, Indes, roi. Nous croyons voir d’un coté peut-être les armes de la maison de Castille et la date 1622. En effet à cette date Louis XIII, toujours accompagné du Cardinal de Richelieu, vainquit le duc de Savoie et fit lever le siège de Casal aux Espagnols en 1628-1629. Nous étions donc encore vers cette époque en guerre avec les Espagnols, et il ne serait pas étonnant que comme de 1530 à 1560, il y eut en France pas mal de monnaie espagnole.

3/ Il est aussi une pièce d’argent avec des deux cotés des écussons armoriés (l’un de Castille peut-être) et en exergue  d’un coté : Fernandus 7. Élisabeth Dei . Gracia . et de l’autre : regina . castelle . legi + Rex . 7 et au centre avec armoiries, la lettre S.

Dans le même terrain "de la Roulière" on a aussi trouvé deux assez belles pièces d’argent de CharlesIX, l’une du côté effigie porte : CarolusVIIII. Dei gracia Francorum, et de l’autre coté : sit nomen domini bénédictum M D L X IIII, avec écusson couronné et fleur de lis.

Aussi trouvé dans le même champ une pièce d’argent avec double effigie du même coté. Nous avons cru voir Henri III roi de France et Navarre et Louise de Vaudemont sa femme.

Entre les deux effigies est une couronne et en exergue : Henricus . Dei gracia rex . Navarre.

Sur revers en écusson armorié  et en exergue : Gracia Dei Q . D . sum . 1577 * (une étoile).

En outre j’ai une autre pièce d’argent, largeur d’une pièce de deux francs française actuelle. C’est un Henri II à effigie, on lit du coté effigie : HenricusII 1557.

On voit le mot : rex, et au revers quatre fleurs de lis réunies par le pied, avec au milieu la lettre H.

Nous possédons encore venant du même champ, 12 pièces étant assez visiblement d’HenriII et HenriIII. Ces pièces sont moins belles et moins bien conservées. Elles semblent même n’être pas entièrement d’argent, mais d’un alliage quelconque.

Nous arrêtons là pour le moment la relation du lieu dit "la Roulière".

En marge : (nota) Nous avons encore deux pièces d’argent, une de LouisXIII 1643 et l’autre de LouisXV 1743. Elles sont plus larges qu’une pièce de 0f50 et moins larges qu’une de un franc.

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