retour page d'accueil


L'ECOLE DE FENIOUX AVANT 1900 

 

Savoir lire était une exception avant la révolution

* Quelques notes historiques sur Fenioux, Gabriel Guillemet, imprimerie A. Chiron, Niort 1929

 

Les Débuts de l'école à Fenioux

 

Selon Gabriel Guillemet *, "l'instruction primaire à Fenioux était très peu répandue avant la Révolution et paraissait le privilège du clergé, de la noblesse et de la bourgeoisie. Savoir lire était une exception dans la masse du peuple. Les maîtres étaient rares et peu lettrés."

G. Guillemet écrit que "le plus ancien maître d'école de Fenioux " dont il ait retrouvé les traces dans les registres paroissiaux "est Pierre Bebien, dont la femme eut, le 4 janvier 1738, des jumeaux qui moururent bientôt après".

Le courrier adressé en juin 1902 par M. Bourdeau, instituteur à Fenioux, à l’Inspecteur d’Académie des Deux-Sèvres nous renseigne sur l’école de Fenioux au XIXème siècle (Archives départementales –Monographies scolaires).

Les renseignements recueillis au début du XXème siècle par cet instituteur provenaient de "deux vieillards, le père Pouvreau âgé de 87 ans et le père Mocquet, âgé de 86 ans, tous deux à l’esprit lucide et à la mémoire très claire"

Ils citent comme premier instituteur connu, le "nommé Laurent" , le deuxième "régent" (c'est ainsi qu'on nommait alors l'instituteur) fut le "sieur Cardinaud" puis le "sieur Mocquet" père du second vieillard interrogé.

Ce Mocquet avait été "maire du Busseau, son lieu de naissance,  du temps de la révolution". Installé à Fenioux "il s'occupe de remplacer le curé absent ou chassé, pendant les temps troublés. Devenu Régent, il cumule les fonctions de chantre, sacristain et barbier".

25 ou 30 élèves, filles et garçons, fréquentaient alors l'école, "le mobilier scolaire se composait de petites tables inclinées, bancs et d'un banc pour mettre en pénitence".

"On punissait à l'aide du fouet et du martinet.  Les élèves payaient 1 livre 50 par mois pour ceux qui écrivaient, 0 livre 75 ou 0 livre 50 pour les autres. Ce mode de paiement était remplacé si l'on voulait, par fourniture de beurre, d'œufs, de viande. Chaque enfant apportait l'hiver, par matin, un morceau de bois pour le chauffage de la classe et du maître".

En 1830, le Conseil Municipal considère qu'un second instituteur est nécessaire à Fenioux. Ce second instituteur sera Jean André Gouet nommé le 29 septembre 1830 et premier instituteur diplômé.  L'instituteur déjà en place est alors invité à se former et est, pour cela, "ajourné 3 mois, pour lui permettre d'acquérir les connaissances dont il a besoin" Il est ensuite "soumis à une épreuve sur la lecture, l'écriture et le calcul"  et n'ayant pas montré plus de capacités, il est révoqué en 1834!

"Le 8 février 1834, il est indiqué au Registre, qu'un Comité de surveillance pour l'instruction primaire existe à Fenioux. Il doit se réunir à la Mairie, le 1er de chaque mois, à 10 heures du matin"

En 1857, le Conseil Municipal est "appelé à se prononcer sur l'utilité d'une institutrice, 11 membres disent non et 3 disent oui et se déclarent catégoriquement pour une laïque".

"En 1862, le 1er septembre a lieu l’installation du premier Instituteur adjoint. En 1865, le 29 août, a lieu celle de la 1ère Institutrice laïque. En 1866, le 11 février l’installation de M. Bonneau René, au lieu et place de M. Gouet décédé."

Ce René Bonneau restera instituteur jusqu'au 1er septembre 1888, date à laquelle, M. Bourdeau, auteur du courrier à l'Inspecteur d'Académie, prendra ses fonctions

Le 6 septembre 1897, un deuxième poste d'adjoint est créé mais entre temps "un beau groupe scolaire, défectueux seulement pour le logement des adjoints, a été construit."

Le courrier de M. Bourdeau à l'Inspecteur d'Académie de juin 1902 se termine ainsi : " Et cette belle commune, qui compte 1587 habitants, grâce à l’instruction, va lentement peut-être, mais sûrement vers le progrès. A l’élection du 27 avril dernier, le candidat Républicain a obtenu 323 voix et le monarchiste 80 ; au 2ème tour, le 1er a eu 329 voix et le 2ème 74. Pour la Gâtine, on ne peut guère désirer mieux."


L'instituteur cumule les fonctions de chantre, sacristain et barbier

1830, Jean André Gouet, premier instituteur diplômé

323 voix pour le candidat républicain, 80 pour le monarchiste

 

1852, installation d'une maison d'école au milieu du bourg

 

 

 

 

 

 

 

 

 

ACQUISITION et appropriation d'un immeuble en maison d'école 

 

En 1849, la commune de Fenioux se propose d'acheter une bâtisse située au centre du bourg (entre ce qui deviendra le magasin vins-graines G. Migeon et l'ancienne charcuterie Raymond) dans le but d'y installer l'école.

le 7 janvier 1850, le Conseil d'Hygiène de Niort remet un rapport défavorable à cet achat en précisant que " cette maison est loin d'offrir les conditions hygiéniques les plus essentielles à la destination qu'on veut lui donner ". La dimension des classes est trop restreinte au vu du nombre d'élèves (l'administration prévoit qu'une école doit être assez grande pour recevoir le dixième de la population d'une commune et Fenioux compte alors 1643 habitants !). L'enquêteur conclut "On peut répondre, je le sais, que les fâcheux effets du séjour dans une enceinte trop étroite seront neutralisés par les habitudes et le genre de vie des enfants de la campagne qui, aussitôt sortis de l'école, retrouvent au milieu des champs le bienfait d'un air vif et pur; mais nonobstant cette remarque, les conditions sont ici tellement mauvaises que la funeste influence de l'encombrement serait encore à redouter".

Malgré cet avis négatif la commune de Fenioux insiste à demander l'autorisation d'acquérir cette maison. Le Conseil d'Hygiène de Niort invite alors le conseil municipal à proposer des modifications dans le but d'assainir les classes et de leur donner des dimensions proportionnées au nombre d'élèves. Le 6 mars 1852, le Conseil d'Hygiène donne son approbation au nouveau projet de maison d'école.

Le 2 octobre 1852, la commune de Fenioux achète la maison à M. Bauneveux, propriétaire et aubergiste, pour la somme de 7600 francs. Les écoles des garçons et des filles y seront installés. Quelques années plus tard, le nombre d'élèves augmentant, l'école des filles sera transférée dans un autre lieu (merci de nous informer si vous savez où se trouvait cette école des filles)


l'ancienne école dans un état de délabrement regrettable

 

 

 

les joueurs de boule gênent le bon fonctionnement de l'école

 

 

 

 

 

 

 

 

 

les filles à droite, les garçons à gauche

 

 

 

 

 

 

construite avec de la chaux grasse de Coulonges et du sable du Beugnon

 

 

 

 

 

 

 

LA CONSTRUCTION DE L'ÉCOLE ACTUELLE

 1880

Une lettre à l'Inspecteur d'Académie datée du 18 janvier 1877 décrit la mauvaise situation des maisons d'école des garçons et des filles de la commune de Fenioux :

"Le local des garçons est situé sur la route, dans le milieu du bourg et ayant en face des ouvriers charrons et forgerons; il est dans un état de délabrement regrettable. Le logement de l'instituteur est humide, malsain et insuffisant, la salle de classe est trop petite, 171 élèves présents le jour de la visite, dont 141 au moins de la commune, sont entassés dans 76 mètres carrés seulement. Il n'y a et ne peut y avoir ni cour, ni préau couvert, les élèves s'abritent dans la classe en temps de pluies, continuant à y respirer un mauvais air et s'amusent, quand il y a lieu, sur la route, exposés à toutes sortes d'accidents."

"Le bruit des voitures sur la route longeant l'école, celui des ateliers très voisins et les jeux de boule, que les habitants pratiquent souvent, comme délassement, juste sur le plateau devant l'école, troublent la famille de l'instituteur et la marche de l'école dans la discipline et les progrès."

"Les principaux griefs ci-dessus établis se produisent à un plus haut point encore à la maison des filles qui d'ailleurs n'est qu'en loyer. A part la situation tranquille qu'elle offre, tout le reste manque ou est défectueux et 80 jeunes filles dans 26 mètres carrés ne sauraient être que les unes sur les autres et manquer totalement de place, d'air et de lumière."

Devant l'impossibilité d'agrandir l'école des garçons "des propriétés la bornant de tous les côtés", un projet d'une double maison d'école avec mairie est rédigé le 15 mai 1877 par l'architecte A. Bergeron de Niort et approuvé par le Préfet.

"Après avoir examiné attentivement toutes les propriétés et celles les moins éloignées, la commune a reconnu que les terrains appartenant aux nommés Bernard et Chauvet répondaient le mieux aux besoins. En effet, l'idée est bonne tant au point de vue de la situation auprès du bourg que par les belles routes qui bornent les terrains de deux côtés".

Les terrains convoités sont d'une contenance de 38 ares 47 centiares.

La mairie doit occuper le centre de la construction, l'école des filles sera à droite et l'école des garçons à gauche.

Deux logements sont prévus pour l'instituteur et l'institutrice. La classe de l'instituteur est alors prévue pour 110 filles et celle de l'instituteur pour 130 garçons.

"Les servitudes seront établies entre cours et jardins et de manière à ce que les instituteurs puissent surveiller les lieux d'aisances".

"Les maçonneries seront en moellons de choix avec mortier de chaux grasse de Coulonges et sable du Beugnon. La pierre de taille blanche proviendra également des carrières de Coulonges. Le granit pour socle et première assise d'angle sera celui d'Azay-sur-Thouet."

L'entente amiable pour la fixation du prix du terrain avec un des propriétaires, le sieur Chauvet, n'étant pas possible, Le préfet lance une enquête d'expropriation le 21 août 1877. Le second propriétaire, le sieur Bernard, accepte de vendre son terrain de 8 ares 57 pour 600 francs.

Pour financer le projet, les membres du Conseil municipal de Fenioux au nombre de 13, assistés des plus imposés de la même commune au nombre de 5, votent le 5 août 1877 :

  • une imposition extraordinaire de 19 centimes en deux ans (1879 et 1880) devant produire 1400F par an soit 2800F

  • une seconde imposition de 13e 2/3, pendant 6 ans de 1881 à 1886 inclusivement, devant produire environ 1000F par an.

L'arrêté préfectoral autorisant les nouvelles impositions est pris le 2 décembre 1878 mais le 17 décembre suivant un autre arrêté annule les impositions autorisées 2 semaines auparavant !

La commune met en vente l'ancienne école des garçons au prix de 10 000F. Des subventions seront accordées par le Ministère de l'Instruction Publique, des Cultes et des Beaux-Arts en 1878 (13000 francs) puis en 1880 (3000 francs) et un premier emprunt de 19000 francs remboursable en 31 ans sera fait auprès du département.



 

POSE DE LE PREMIÈRE PIERRE DE L'ÉCOLE DE FENIOUX

 

La première pierre de l'école de Fenioux sera posée le 14 juin 1880.

La municipalité est alors ainsi composée :

Maire : M. Frère Charles-Auguste,  Adjoint : M. Chassereaux Jacques, Membres du Conseil municipal : Mrs Babet François, Langlais Lucien, Gadreau René, Bernard Victor, Parthenay François, Barillier-Beaupré Charles, Godillon Victor, Limoge Baptiste, Dutaud Jean, Bertrand Désiré, Chartier René, Réaud Pierre, Niveau André, Vignault Jacques.

Instituteur : Bonneau René, Institutrice : Mlle Chessé

Les travaux de construction sont exécutés par M. Chapenoir Louis, entrepreneur à Ste-Pezenne, sous la direction de M. A. Bergeron, architecte à Niort.


 

Procès-verbal de la pose de la première pierre de l'école de Fenioux

"L'an mil huit cent quatre vingt, le lundi 14 juin à neuf heures du matin, Nous Frère, Charles-Auguste, Maire de la commune de Fenioux, dans le but de célébrer la pose de la première pierre de l'école en construction, nous sommes rendus sur les lieux accompagné de M. Barillier-Beaupré, conseiller municipal et délégué cantonal pour la surveillance des écoles et de plusieurs autres conseillers municipaux. Les deux écoles, celle des garçons et celle des filles comptant l'une 124 et l'autre 72 élèves avaient été appelées à prendre part à cette solennité. Le cortège est parti du bourg, ayant en tête le drapeau porté par le garde-champêtre, Meuraillon, venaient ensuite l'école des filles, l'école des garçons, les autorités sus-désignées, enfin un certain nombre d'habitants. Le marteau a d'abord été présenté à M. le Maire, puis aux autres autorités, aux enfants des écoles et aux principaux habitants, et pendant, la cassette de l'entrepreneur recevait, rendant un son plus ou moins clair, toutes sortes de pièces, depuis la pièce d'or de l'autorité jusqu'au petit sou de l'écolier. Des rafraîchissements ont été ensuite offerts par l'entrepreneur, des toasts ont été portés à l'autorité, aux efforts de laquelle est dû le projet, et à la prospérité de l'école. La joie se lisait sur tous les visages : chacun était content de voir édifier cet établissement où les enfants de la commune seraient enfin convenablement installés pour recevoir les bienfaits de l'instruction".

Fait à Fenioux, ce 14 juin 1880

Le Maire de Fenioux, Frère Charles-Auguste


 

travaux supplémentaires : toits à volaille et siège en bois ...

 

 

 

 

 

Travaux supplémentaires*

- 1882 -

Le projet pour la construction de deux écoles et d'une mairie à Fenioux s'élevait primitivement à près de 59 000F, le Conseil municipal trouvant la dépense trop élevée, fit réduire les plans et ajourner différents travaux.

Des travaux supplémentaires furent envisagés dès 1881. Ils concernaient : 

  • la couverture des murs de clôtures en bahuts de St-Pierre-du-Chemin 

  • l'établissement de chambres à coucher dans les greniers des instituteurs

  • l'établissement de 2 toits à volailles dans la cour de chacune des maisons d'école, 

  • l'établissement des portes extérieures des souillardes (pour éviter de passer dans la cuisine pour encaver les barriques)

  • la couverture du puits

  • des enduits et crépis divers

  • un siège en bois à construire dans le cabinet d'aisance de l'instituteur

  • le nivellement et de terrassement dans les cours,

  • le défrichement des jardins

  • l'achat de mobilier : 12 tables, 36 pieds en fonte, 128 encriers en porcelaine, 2 globes terrestres, 2 tableaux noirs et 2 bureaux avec estrade

  • l'achat de deux cloches et une porte vitrée pour la mairie (pour remplacer une porte pleine avec imposte vitrée)

  • l'achat d'une plaque de marbre noir avec le mot "Mairie" incrusté en lettres dorées, deux petits poêles 

  • etc.

Le 9 mars 1882 La Commune de Fenioux était autorisée à emprunter 3200 F supplémentaires à la Caisse pour la construction des Lycées, Collèges et Écoles.

Le 4 février 1883, la construction de la maison d'école étant entièrement achevée depuis plusieurs mois, le Conseil municipal accepte définitivement les travaux.

 

* Les informations concernant ces chapitres proviennent de documents trouvés aux archives de la commune de Fenioux et aux archives départementales des Deux-Sèvres (2 O 1043).              

 J. Chauveau avril 2001

                                                        

 

retour à la page d'accueil