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La Plissonnière

 

En ce lieu dit situé dans la partie est de notre commune, et limitrophe de celle de Pamplie, tout près le château du Vieux-Brusson, devait exister croyons nous, près les deux fermes actuelles, dans un champ appelé "les Cougnardières" et tout en haut de ce champ, une ancienne maison d’habitation aujourd’hui disparue. Là, ont dû habiter les familles Suaudeau, Lebel et Chateignier aussi sans doute et ceci avant 1689.

Les preuves de ce que nous avançons, nous les avons trouvées dans des documents authentiques en notre possession et aussi dans nos recherches parmi les vieux cahiers paroissiaux de ce temps là. Aujourd’hui aucun vestige de cette antique habitation ne subsiste pour ainsi dire plus,  si ce n’est un puits et quelques excavations peu profondes ressemblant à des fouilles faites pour retirer des vieilles fondations, des pierres pouvant encore être utile à la maçonnerie. On croit voir quelques unes de ces pierres dans les bâtiments de la première ferme.

Avant d’entrer plus avant dans les détails, disons que nous croyons qu’autrefois "la Plissonnière" devait être une seule propriété. Aujourd’hui elle est divisée en deux fermes d’à peu près égale importance. Celle qui contient les lieux et objets qui nous occupent est la propriété de Monsieur Coussot, percepteur de Magné, et propriétaire en cette commune; l’autre est la propriété de Mr Arnault-Frère de Niort.

Le 10 Décembre 1912, nous sommes allés rendre visite au fermier Monsieur François Fourré, lequel après nous avoir très obligeamment reçu nous a donné, au sujet de ces vieilles pierres, d’intéressantes indications. Nous allons suivre notre guide et signaler au fur et à mesure les remarques qu’il nous a été donné de faire.

La porte d’entée principale de la maison ainsi que quelques autres petites fenêtres aux bâtiments proches ont les angles de leurs pierres chanfreinés. En outre une porte de communication allant de la maison principale dans la chambre beaucoup plus moderne, est à plein cintre, un peu ogival (style de transition ). Elle est de très moyenne élévation et devait faire partie de la première maison en ce lieu.

La cheminée de la maison paraît elle aussi du même temps. Les montants en pierres de taille sont à chanfreins (59).

En face de ces anciens débris nous nous sommes posés la question suivante : Ces ouvertures et cette cheminée ont elles été posées là sortant des mains du premier ouvrier qui les a travaillées, ou bien proviennent elles des démolitions de l’ancienne habitation dont on voit les fondations dans le champ des "Cougnardières". Nous ne pouvons nous prononcer ni pour l’affirmative ni pour la négative.

Sortant de la maison où nous venons de voir ces détails, allons avec le fermier explorer superficiellement le champ des "Cougnardières" où nous présumons que devait se trouver à une époque bien difficile à préciser, la plus ancienne habitation des chevaliers seigneurs de la Plissonnière, Cougnardières etc … En entrant dans ce champ qui accuse une légère éminence à l’est, près le bois, et va en pente douce vers l’ouest, le premier objet qui frappe nos regards est un puits avec sa margelle. Par sa situation en ce champ, nous croyons que ce puits devait être celui de l’ancienne habitation de la Cougnardière. Du reste le champ porte ce nom. On y vient encore puiser de l’eau quand elle se fait rare aux environs.

Ensuite notre complaisant guide nous montre autour de ce puits, plusieurs quadrilatères assez vastes où en piochant, en labourant à la charrue, il a plusieurs fois découvert des fondations de murs, en soulevant de nombreuses pierres de différentes grosseurs. On trouve aussi en terre, ainsi qu’à la surface, de nombreux fragments de briquaux et de tuiles brisées. Le sol en cet endroit est bosselé, ce sont de molles ondulations dont les arrêtes ont été depuis longtemps effacées par la culture du terrain. C’est sans doute par là que devait se trouver la vieille habitation de la Plissonnière Cougnardière.

J’ai ramassé en cet endroit parmi d’autres débris de tuiles, un fragment de couvercle d’un ancien vase, en grossière terre cuite. Ce débris provient sûrement du couvercle d’un ancien vase car une poignée en forme de bouton s’y remarque aisément.

Plus loin, on voit encore sur la lisière du bois, les restes d’un mur paraissant avoir  0m70 à 0m80 de hauteur, mur de clôture  sans doute. Sur les indications du fermier nous avons aussi vu dans le bas du champ de la "Cougnardière" de l’autre côté de la haie qui sépare le champ du pré, un rond-point circulaire d’un diamètre de … 

Rien ne paraît à la surface de ce terrain cependant surhaussé, mais notre guide nous affirme avoir vu les murs avant qu’ils ne fussent recouverts de terre où l’herbe a poussé en nature de prairie. Qu’était-ce que cette tour ou tourelle ? Quelle était dans ce temps là son affectation ? Nous ne pouvons le dire.

Non loin de là se trouvaient deux étangs de moyenne importance, on en voit encore les traces dans le pré où existe ce reste de tourelle. A notre avis ce reste de tour, ces étangs sembleraient indiquer en ce lieu une habitation seigneuriale d’une certaine importance. 

Laissons les vielles pierres dans leur oubli et parlons maintenant de ceux qui les ont animées par leur présence il y a plus de deux siècles. Nous allons citer les premières traces que nous trouvons des familles qui ont du habiter là.

On voit sur les registres paroissiaux pour l’année 1689 l’inhumation d’un Mr Suaudeau de la Plissonnière dans l’église de Fenioux.

Enterrement de la Plissonière

Le 7ème jour de Mai 1689 a été inhumé dans l’église de ce lieu, le corps de Mr Pierre Suaudeau seigneur de la Plissonnière. Ont été présents Mr Charles Suaudeau, prêtre prieur du Breuil-Baret et Mr Samuel Suaudeau seigneur des rivières (pas très lisible)

Signé : Suaudeau , Neau curé de Fenioux .

Enterrement à la Plissonnière

Le 12ème jour d’Octobre 1708 a été enterré dans l’église de ce lieu, le corps de Messire Guy Lebel escuyer seigneur de la Plissonnière. Ont été présents Mr Pierre Lebel, escuyer seigneur de Seneuil, son frère, Mr Alexandre Teillé escuyer seigneur de Vaury (il habitait le Petit Bois-Loudun), Mr François Papin curé de Cours, et Mr Pierre Groleau prêtre.

Ont signés : Lebel de Seneuil, Papin curé de Cours, Boutheron curé de Fenioux .

 

Autre enterrement de la Plissonnière

Le 7ème jour de Février 1709 a été inhumé dans l’église de ce lieu le corps de damoiselle Jeanne Catherine Lebel. Ont été présents : Mr Jacques Lebel son frère, Jean Palissier et Pierre Charrier. Jacques Lebel, Boutheron curé.

Quant à Messire Lebel, chevalier seigneur de la Plissonnière en 1752, époque de son procès avec Jean Jarriault de la Portière, ses parsonniers et co-teneurs, nous n’avons pu malgré nos recherches, relever son acte de baptême ou celui de son décès.

L’histoire légende citée d’autre part se rapporte à lui *

* Dans mes vieux papiers je viens de découvrir un reçu ou quittance délivré et signé par Mr Savatte De Lamotte. Cette quittance a été délivrée à la Plissonnière le 18 Novembre 1764. Donc cela prouve que  Mr Savatte de Lamotte habitait à la Plissonnière.


Au cours des débats de ce procès, dont pièces de procédure entre nos mains, il est écrit ceci : u mois de Novembre 1749, Messire Pierre Lebel, escuyer seigneur de la Plissonnière fit appeler par devant le conservateur des privilèges Royaux de l’université de Poitiers, par exploit de Baraton huissier, Jean Jarriault de la Portière aux fins d’être condamné de lui faire et payer trois années d’arrérages de la rente noble et féodale dix boisseaux de seigle, treize boisseaux d’avoine, mesure de Secondigny, un chapon et onze sols en argent le tout échu de la St-Luc dernière.

Les deux premières années suivant l’évaluation du greffe et la dernière qu’il prétend être due sur le tenement de la Portière, Fougelay, la Croix de la Blure, le tout dépendant, dit le sieur Lebel, de la maison noble de la Plissonnière et y rendable

De continuer la dite rente à l’avenir aux intérêts aussi pour être condamné à payer en outre et par dessus toute dite rente, le droit de terrage qui lui est dû, dit-il, pour seize boisselées de terre que Jean Jarriault possède au tenement sus énoncé.

Pour arriver à ces fins et moyens, le dit seigneur Lebel produit une déclaration rendue par Marie Tâcher, mère de jean Jarriault, agissant comme tutrice de ses enfants, et datée du 15 Juin 1719.

Par cette déclaration dit l’avocat de Jean Jarriault pour la défense, on a fait reconnaître à cette femme sans expérience, qu’elle tient du sieur Lebel une pièce de terre appelée "le grand champ Fougelay * " contenant dix boisselées, plus un autre champ appelé "le Coûteau" contenant quatre boisselées, les deux pièces sujettes envers le seigneur de la Plissonnière etc… etc …

* Ce sont les roches Fougelay dont un champ appartient à Mr Pierre Baraton, propriétaire au bourg et l'autre à votre serviteur.

Nous ne pouvons pas dans le cadre restreint de ce travail rétablir et donner ici toute la relation de ce procès, mais il est à peu près certain que jusqu’à l’abolition des privilèges, dîmes et terrages, Jean Jarriault fut obligé de rester tributaire et débiteur du seigneur de la Plissonnière et qu’en plus il fut condamné aux frais du procès. Du reste, je crois bien avoir vu dans mes vieux papiers les reçus de paiement envers le tribunal.

A présent continuons notre petite relation sur les seigneur de la Plissonnière, Cougnardière …  en citant quelques extraits assez intéressants que nous tirons de vieux documents ayant subi du temps et même du feu d’irréparables outrages.

Nous y butinerons la copie de certains aveux et devoirs rendus par les petits teneurs de la Portière et la Bleure, au seigneur de la Plissonnière, Cougnardière et même un aveu rendu à Messire Jacques Chateigner, escuyer seigneur de la Roche-Hudon (Paroisse des Groseillers), Cougnardière et autres lieux, par Jean Capron demeurant au bourg de Fenioux. Nous avons du reste vu d’autre part que les familles Lebel de la Plissonnière et les Chateigner de la Roche-Hudon étaient alliées.

La première reconnaissance de déclaration d’aveu rendu est celle de Vincent Baraton, Nicolas Pizon, Baraton et Margueritte Guitton, vivant demeurant à la Portière paroisse de Fenioux, envers Messire René Chateigner, escuyer seigneur de la Roche-Hudon, Plissonnière, Cougnardière.

Ces petits teneurs disent ceci : Tenons et avouons tenu de vous, mon dit seigneur à cause de votre dite seigneurie de la Roche Hudon, Plissonnière, Cougnardière, les choses qui s’en suivent. C’est à savoir : la quarte partie d’une pièce de terre appelée "le champ Faugelais" contenant trente boisselées ou environ et l’autre quarte partie à vous mon dit Seigneur, tenant la dite pièce de terre, d’un bout aux terres de Beaujeau, d’autre au chemin par lequel l’on va de la chapelle de Brusson au Retail, et d’autres aux terres de votre dite seigneurie de la Plissonnière, sujette envers vous à la douzième partie des fruits y croissants pour droits et terrages que nous, dits teneurs vous avouons au devoir de dix boisseaux de blé seigle, mesure de la Cougnardière, par chaque jour et fête de St-Luc et Noël, lesquels dix boisseaux de seigle, onze ras d’avoine etc… etc … (j’abrège car trop long).

Et en fin d’aveu, il est dit : Fait en présence des jurés du comté de Secondigny, le vingt neuvième jour du mois d’Octobre mil six cent quatre vingt trois. Moi dit Pizon a déclaré ne savoir signer.

Signés : Vincent Baraton, Gilles Brault et Olivier (?) Notaire.

2ème aveu

Sachant tous que de vous, Jacques Chateigner, escuyer seigneur de la Roche-Hudon, fief de la Cougnardière, Plissonnière, Grignère, Béraudière, Laurenchère et autres lieux, je, François Jarriault marchand demeurant à la Vèrgne etc … etc … et autres, tenons et avouons tenir de vous, mon dit seigneur , à cause de votre seigneurie de la Cougnardière roturièrement,  1er  etc … etc …, les pièces de terre et tenement etc… etc … (nous passons) aussi le devoir de onze boisseaux d’avoine valant treize ras de Secondigny, plus dix sols trois deniers en argent et en outre la douzième partie des fruits y croissant, pour droit de terrage, avec pareille portion avec les héritiers de Baraton à cause de leur métairie de la Borlière, le tout de devoir noble et portable par chacun an et fête de St-Luc etc…

Enfin se termine ce 2ème aveu par ces lignes : En foi de quoi nous avons icelle fait écrire et signer aux notaires jurés sous la cour Duché Pairie de la Meilleraye à Parthenay pour Monseigneur du dit lieu, Pair de France, et nous nous sommes avec eux soussignés le 30ème jour de Janvier mil six cent quatre vingt dix, tous signés, et Baraton et Florisson, notaires royaux.

3ème aveu

Aveu et déclaration des domaines et héritages que de vous Messire Lebel, escuyer seigneur de la Cougnardière, Plissonnière et fiefs en dépendants, je, Pierre Guérineau, au lieu de Sébastien Guérineau mon frère, demeurant à la Blure, paroisse de Fenioux, tiens et avoue tenir de vous mon dit seigneur, roturièrement et à cause de votre dite seigneurie de la Cougnardière, sise paroisse de Fenioux , les choses qui suivent : qui est une pièce de terre et une autre appelée "La Roche" contenant en tout neuf boisselées ou environ, au lieu dit de la Portière de Fenioux  etc… etc … sujette envers vous mon dit seigneur à la douzième partie des fruits y croissant, pour droits de terrage et en outre au devoir de dix boisseaux  de blé seigle et treize boisseaux d’avoine, le tout mesure de Secondigny, dix sols trois deniers en argent et un chapon, le tout de cens rentes et devoirs noble, portant fief et juridiction dû par chacun an et fête de St-Luc, à votre dite seigneurie de la Cougnardière, portable et rendable au dit lieu, aussi longtemps que je posséderai tout ou partie d’icelle et qui est tout ce que je possède de mon dit seigneur de la Cougnardière.

En foi de quoi ai fait écrire et signer à ma requête, aux dits notaires royaux de la Sénéchaussée de Poitiers, sous-signés, étant au bourg et paroisse de Fenioux , le 1er Décembre mil sept cent quarante quatre.

Baraton et Florisson notaires royaux

Contrôlé à Champdeniers le cinq Décembre 1714, signé  Habert

Conclusion …

Il nous semble que les extraits de vieux cahiers paroissiaux de Fenioux des années 1698-1708-1709 d’une part, ce que nous citons du procès du seigneur Lebel avec Jarriault de la Portière (16 Mars 1752), ainsi que les trois aveux des petits vassaux et co-teneurs de la portière, la Bleure et des nombreuses redevances pour dîmes et terrages, cens et rentes d’autre part, prouvent surabondamment, avec les vestiges existant près des fermes actuelles de la Plissonnière, l’existence des anciens seigneurs de la Plissonnière, Cougnardière, Roche-Hudon ainsi que celle de leurs demeures.

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