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La Chapelle Rompue

 

Il existe du coté nord de l’église près la porte de la Vierge et à l’angle extérieur du transept de gauche un fragment de pilier renaissance (23) dont les sculptures remarquables de fini sont encore très bien conservées.

De ce pilier partait un mur qui semblait être parallèle à celui de gauche de la grande nef.

Un autre mur dont on voit l’attache sur un pilier identique au précédent mais moins bien conservé et adossé au mur de gauche de la grande nef, à environ 3 mètres du mur de façade de l’église, rejoignait le premier en se prolongeant et formait avec lui les deux cotés d’un quadrilatère, dont les murs de façade de la grande nef et du transept de gauche formaient les deux autres.

C’est un quadrilatère dont il ne reste presque plus rien aujourd’hui, que la tradition appelle : « la Chapelle Rompue ».

Qu’était-ce que cette chapelle adossée au coté nord de l’église ? qui l’a construite ? A-t-elle même été bien finie ?  Quelle était sa destination ?. Comment, par qui et pourquoi a t-elle été détruite ?

Autant de questions intéressantes, passionnantes même pour qui s’intéresse aux choses vécues, et auxquelles à notre grand regret nous ne pouvons guère répondre que par des suppositions.

 

Ce qu’était la Chapelle Rompue

 

Nous croyons que la chapelle rompue était une chapelle funéraire à l’usage des personnages un peu considérables de la paroisse.

Ce qui nous a conduit à cette hypothèse, c’est la découverte d’ossements humains dans l’enceinte indiquée plus haut lors des fouilles entreprises au moment du classement de l’église par les monuments historiques des Deux-Sèvres.

Ce sont aussi les indications nombreuses relevées sur les vieux cahiers paroissiaux "Inhumations dans l’église de ce lieu" 70 à 80 environ.

Mais d’un autre coté deux objections peuvent être faites à ces constatations, les ossements trouvés ne pourraient-ils pas appartenir aux corps enfouis dans l’ancien cimetière qui entourait primitivement l’église ?De plus les indications données par ces cahiers paroissiaux ne voudraient-elles pas indiquer des inhumations dans l’église elle même, plutôt que dans la chapelle ?

Ces objections peuvent avoir pour quelques uns, un peu de valeur, toutefois nous dirons pour fortifier notre opinion personnelle et conclure qu’un sarcophage et des squelettes humains trouvés dans cette chapelle lors des fouilles semblaient déposés là avec un souci d’ordre et de régularité qu’on n’aurait pas observé, et qu’on aurait pu remarquer dans l’ancien cimetière, où comme dans beaucoup d’autres du reste, les sépultures étaient faites un peu au hasard.

D’autre part malgré les réparations faites au dallage de l’église, il n’est pas venu à notre connaissance qu’on y ait découvert le moindre ossement

Le dernier dallage a été fait en 1835 par Mr l’abbé Lucas alors curé de Fenioux, lequel a laissé sur l’édifice qui nous occupe des notes intéressantes et il ne nous semble pas que si à cette époque des découvertes curieuses de sépultures anciennes eussent été mises à jour par les travaux de réfection du dallage, il ne nous semble possible, disons nous que Mr le curé Lucas eut omis d’en parler, et il est muet sur ce point.

Donc avec toute la réserve que nous impose notre documentation insuffisante, nous croyons que "la Chapelle Rompue" servait de chapelle funéraire aux familles pieuses et riches de la paroisse.

Les riches sculptures qui subsistent appartiennent sans contestation à l’époque de la Renaissance.

La première indication de sépulture portée faite "dans l’église de ce lieu" remonte dans les cahiers paroissiaux à l’année 1666. ci : le 17 mars du dit an 1666 a été inhumé dans l’église St-Pierre de Fenioux Jean Servant ci-devant curé de Fenioux , par Mr  Loyfdau (?) curé de Pamplie.

Donc nous nous croyons en droit de conclure que la Chapelle Rompue n’est pas antérieure au XVIème siècle.

Et maintenant quels sont les artisans de ce bijou magnifique ?

Ceux qui avec leur or payèrent ces matériaux, et ceux qui fouillant avec art ces pierres brutes, en firent sortir tant de délicates beautés ?

Aucun indice, ou presque aucun, ne vient nous mettre sur la voie.

Cependant puisque cette chapelle servait de sépultures aux familles riches de cette paroisse, il paraît logique quelle soit due, ou à la générosité d’un noble  riche et pieux seigneur du pays, ou à celle réunie de toute les familles dont il vient d’être parlé.

On ne peut s’empécher de s’étonner toutefois de rencontrer dans une bourgade comme devait être Fenioux au XVIème siècle, un monument dont les restes imposants révèlent des artistes si supérieurs, et l’on se demande si cette constatation n’indiquerait point qu’un personnage puissant dont le nom nous échappe, fut personnellement intéressé à l’édification de cette chapelle.

Naturellement les noms des ducs de la Meilleraye qui possèdent toute la contrée, nous viennent à l’esprit, ou bien encore cette chapelle funéraire ne serait-elle point l’œuvre d’une famille Ratault, dont deux membres, Arthur et Jacques furent baillis de Parthenay ou de Gâtine, seigneur de Cuzay, Oroux, Ardin et le Plessis de 1460 à 1524 (Gât. Hist. de B. Ledain).

Une observation attentive des restes de cette chapelle nous a fait découvrir en deux endroits, des initiales gravées dans la pierre.

Les premières sont les initiales F R gravées dans un cadre en relief sur le fut d’une colonne coté est à 4 mètres du sol environ.

Que veulent dire ces initiales ? Sont-elles celles de l’artiste qui les a sculptées, ou de ceux qui ont fait édifier la Chapelle ?

Nous avons voulu les rapprocher de la famille Ratault citée en avant.

Peut-être un F. Ratault qui a existé a-t-il succédé à J. ou A. Ratault et a t-il eu sa part dans la construction de cette chapelle ?

Les autres initiales que nous avons vues sont moins bien conservées et semblent représenter un A et un K ainsi faits.

Elles sont gravées dans un cadre en relief sur fut d’une colonne située cette fois au coté nord de l’église et adossées au mur de la nef principale à 2 mètres environ du sol.

Nous avons indiqué au début de ce chapitre les murs qui devaient limiter la construction.

Ces murs là ont du être poussés jusqu’à fin d’œuvre car des témoins oculaires auraient vu leurs assises lors des fouilles.

D’autres nous ont dit avoir assisté à la démolition d’un fragment de mur perpendiculaire au coté nord de la nef principale de l’église .

Il est d’ailleurs facile de voir encore les coups de pioches qui ont laissé traces de leurs sillons dans la pierre.

Mais ce que l’on peut voir c’est la trace de la voute de cet édifice s’appuyant sur les murs de l’église .

Il n’y a donc très probablement jamais eu de voûte à la Chapelle Rompue mais simplement une charpente en bois (voûte provisoire) nous semble-t-il.

D’autre part si cette chapelle a été une merveille de travail comme fini par endroit, il semble qu’il manque quelque chose.

Il semble que le génie de l’artiste avait désigné certains plans bien dressés pour y réaliser avec son ciseau les créations de son esprit, mais que le temps lui a manqué.

C’est tout cela qui nous fait dire que peut-être cette chapelle n’a jamais été bien finie.

L’argent a t-il manqué ?

L’entrepreneur mystérieux et puissant s’est-il désintéressé d’une œuvre qu’il voyait se réaliser trop lentement ?

L’artiste , celui ou ceux qui faisaient édifier cette chapelle, ont-ils succombé avant l’achèvement de leur tâche ?

Doit-on attribuer la cessation ou la destruction de ces travaux à une cause plus simple, un vulgaire accident, un incendie, un écroulement partiel ou total de la toiture, toutes choses ayant découragé les volontés ?

Peut-être pourrait on penser encore que cette chapelle serait tombée sous les coups de protestants fanatiques, lors des guerres de religion ?

Nous ne croyons pas que la Chapelle Rompue existât au moment de la révolution, cette grande niveleuse, car les actes de l’état civil ne mentionnent plus d’inhumation dans l’église à partir de 1773.

Le 10 Xbre 1773 enterrement de dame Marie Maynier, dans l’église de ce lieu, c’est le dernier reconnu par nous jusqu’à ce jour.

En outre des lettres initiales ci avant citées et vues en cette chapelle, nous avons après réflexion décidé d’essayer de dépeindre d’une façon très incomplète sûrement, certains motifs d’ornementation qu’on voit encore aux restes de ce que fut la chapelle renaissance.

D’abord adossés ou encastrés dans le mur latéral gauche de l’église  (côté extérieur) on voit des restes de sculptures très abîmées par les injures du temps.

Au dessus de ce travail, on remarque les bustes de deux personnages.

Le buste de gauche nous semble celui d’une femme, celui de droite d’un homme.

 

Une personne à laquelle j’ai montré à la Chapelle Rompue, les deux bustes des personnages dont je viens de parler m’a dit qu’ils représentaient le bon et le mauvais laron.

Le bon faisant des exhortations au mauvais et ce dernier détournant la tête en signe de dénégation.

La niche veuve de son personnage, qui se trouve entre eux et semble les surplomber un peu en élévation, serait celle où se trouvait le buste du Divin Crucifié.

Le lecteur doit noter que je donne relation pour le même prix et sous les plus expresses réserves.

(ce paragraphe est barré d'une croix)

 

Ce dernier paraît coiffé d’une sorte de bonnet se terminant en forme de pointe en arrière de la tête, à hauteur du poignet gauche. L’autre main est entière et semble tenir entre les doigts un objet quelconque.

Dans l’autre mur faisant angle à celui là et face à l’ouest, on voit sculpté sur pierre un tableau représentant l’étable et la crèche où l’enfant Jésus était assisté du bœuf et de l’âne. Un personnage dont nous ne savons le rôle se trouve là à coté.

Ce tableau est placé tout près du pilier, dont ce qui reste nous semble infiniment bien travaillé.

La preuve c’est que les moulages en plâtre de ce magnifique pilier sont exposés à Paris au palais du Trocadéro.

En haut est le buste d’un homme.

Il est tête nue et porte une longue barbe, sa tête semble inclinée et quasi reposant sur son bras gauche. Son épaule et son bras gauche semblent habillés d’une draperie formant des plis.

Des personnes compétentes nous ont dit que cette statue était artistement bien faite. En dessous sont des moulures et des arceaux.

Plus bas encore et sur le même plan a existé le buste d’un personnage qui a été totalement mutilé. Cette mutilation a été faite de main d’homme car les coups de l’outil qui a fait la mutilation sont encore très visibles

L’angle extrême nord de ce très beau pilier renaissance est un fut de colonne coupé de belles moulures finement ciselées en travers.

En haut de cette colonne est une niche veuve de son saint, au dessous sont d’artistiques dessins finement ciselés, au milieu desquels est en quasi miniature un buste couronné.

A côté, en haut d’une sorte de retrait, est le buste d’un personnage portant aussi une longue barbe. La main droite semble portée sur l’épaule gauche.

Plus bas, très finement ciselés aussi, sont différents emblèmes.

Ceux de la naissance représentés par cinq ou six bébés du plus bas âge, ensuite des têtes de morts, une cloche, un petit chérubin ailé en médaillon dans lequel est le buste d’un personnage quelconque.

En dessous sont les emblèmes de la mort, encore représentés par une tête de mort.

Des armes de combat, un casque, un carquois et ses flèches, plusieurs tibias en croix etc…

Plus bas, de chaque coté à droite et à gauche sont deux rosaces.

Dans certains encadrements de ce pilier, on voit des parties planes nues où rien n’a été figuré.

Ces œuvres ont-elles été inachevées ?.

Le nom de "Chapelle Rompue" semble donné à ce monument par une vieille tradition populaire pour expliquer aux générations à venir que cet édifice s’est écroulé, s’est brisé, s’est rompu soit accidentellement ou non.

Il existe dans le voisinage, des débris errants dispersés au hasard, et nous en avons pu voir qui sont entrés dans des constructions modernes.

Chez Mr Bariller-Beaupré, une belle pierre sculptée (disparue), chez Mr Cibiel au château de la Braudière , dans un mur de façade du château on peut voir, dans un cadre un joli tableau sculpté sur pierre représentant l’adoration des Rois Mages.

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